mardi 6 mai 2008

Par-delà le mur du nanar

C'est comme dans tout concours de quéquettes, il en faut un qui aie la plus grosse. Dans le nanar, il y a aussi un Graal, un ultime, un qui est finalement déjà au-delà. "Et quand les bornes sont dépassées, il n'y a plus de limites" (citation de M. Agénor Fenouillard, cité par Lacan et Pompidou, c'est dire). Bref, ze ultimète nanar of doume.
La Turquie est un pays merveilleux et, en 1979, la notion de copyright n'y semblait pas, visiblement, essentielle. De nombreux nanars furent produits à la chaîne, dont pas mal de films repompés directement de séries et films super connus outre-Bosphore, comme Star Trek, par exemple. Faits avec des bouts de ficelles, du papier mâché et des effets peintrulurés directement sur la bande, ces films sont souvent un agréable moment pour le buveur de lie cinématographique.
Mais DÜNYAYI KURTARAN ADAN (1979, en turc, "L'homme qui va sauver le monde") est lui-même au-dessus de ces considérations. A vrai dire, les mots viennent à manquer pour ce chef d'oeuvre de la bisserie la plus exceptionnelle.
Déjà, l'acteur principal est bien connu de nos services. Cuneyt Arkin est un type qui a un nombre incalculable de nanars au compteur. Artiste martial doté d'un répertoire de grimaces impressionnant (voir affiche), il s'est attiré la sympathie de nombre de spectateurs ainsi qu'un ego de la taille de la soucoupe volante aperçue dans le film (dans un documentaire en bonus sur le DVD -car oui, j'ai le DVD de cette merveille- il raconte qu'il a été approché pour incarner James Bond, si si).

vs.

(merci nanarland)
Bon, que vous le voyiez en sous-titré ou pas, sachez que vous ne comprendrez pas plus ce qui se passe.
En quoi est-il si exceptionnel ? Parce qu'il cumule tout. Les combats spatiaux du début sont fait comme suit : prenez un acteur et demandez-lui un air sérieux. Collez-lui un casque de mobylette sur la tête et des gros écouteurs Sony. Diffusez des images de combats spatiaux de Star Wars derrièr-lui. Vous y êtes presque. Ajoutez des scènes de combat spatial, insérées à l'endroit ou à l'envers, pour le combat vu de l'extérieur. Ajoutez des stock-shots de fusées Soyouz au décollage et de pyramides. Ayé. Zyètes. Démonstration : http://www.youtube.com/watch?v=js6NqlAc29I
Ceci est la totalité de la scène d'intro qualité DVD (oui, ils ont filmé le film sur un écran avec un camescope pour le DVD).
Mais ce serait oublier que chaque fois que l'acteur principal arrive on a droit au générique d'Indiana Jones. Particulièrement la scène d'entraînement inexpliquée (et inexplicable) qui cumule petits bonds ridicules de caillou en caillou et pompes avec un rocher. Démonstration : http://www.youtube.com/watch?v=cufQD5Y31ZA
Sans oublier les plans de coupe avec des monstres qu'on ne voit jamais par la suite, l'épée géante de combat en carton, les robots dans le désert, etc. Je ne résiste pas à vous parler de l'effet spécial de fin : le méchant se fait couper en deux par le héros. Pour l'effet spécial, qu'ont-ils fait ? Ils ont masqué la moitié de l'objectif de la caméra. Si.
J'ai oublié de vous parler de l'histoire. Rapidement : une race extra-terrestre veut attaquer la galaxie, mais en créant un réseau de cerveaux -cherchez pas-, l'humanité arrive à se protéger et envoie son meilleur élément casser la gueule au méchant. D'autres interprétations disent que c'est les cerveaux qui attaquent. En fait, c'est un peu flou dans mon souvenir. Faudrait que je le revoie avec des sous titres...
Malheureusement, les mythes s'effondrent souvent quand on leur donne une suite. C'est ici le cas avec DÜNYAYI KURTARAN ADAM'IN OGLÜ, réalisé en 2006 mais, malheureusement, avec des moyens.
(Cuneyt Arkin me fait ici vaguement penser à Adama dans BattleStar Galactica)
La bande annonce du 2 :
http://www.youtube.com/watch?v=c3wgcvItHEw

La prochaine fois sur vos écrans, une double séance spéciale Nainars (nanars avec des nains. Si).