jeudi 18 décembre 2008

Un nanar ozé

Preuve est fait que moi aussi des jeux de mots pourris je peux en faire. Le film de cette séance est un film très célèbre, au moins par son réalisateur et ses acteurs. Sean Connery avait déjà derrière lui ses James Bond qui deviendront mythiques. Charlotte Rampling, elle, avait déjà joué dans, heu... pas grand chose de notable, mais beaucoup. Quant au réalisateur, John Boorman, il n'avait pas encore fait EXCALIBUR (1981), mais était déjà l'auteur de l'excellent DELIVERANCE (1972) avec sa scène où ça couine grave. Je ne résiste pas à vous permettre de revoir cette scène :

http://www.youtube.com/watch?v=yj4LnfkdJDM

Mais foin de scènes de rednecks en furie, parlons du film. Il s'agit, bien sûr, du magnifique ZARDOZ (1974), celui où que Sean Connery se balade torse poil et en slip rouge tout au long de cette épopée hippie new agesque.



Dès l'introduction du film, on sent le génie pointer. N'oublions pas que John Boorman a écrit lui même le scénario, un jour où il avait trop touché de LSD. Bref, le film s'ouvre sur une séquence où la tête d'un mec, avec des moustaches et une barbe dessinés au crayon, nous raconte sa vie, qu'il est un dieu à mi-temps et autres délires assez psychédéliques. Sa coiffe, de type égyptien période rideaux de cuisine, n'ajoute rien au ridicule de la scène.



On suit alors une espèce d'ignoble tête en pierre volante, dans des plans qui ne sont pas sans rappeler les soucoupes volantes de Ed Wood dans son célèbre PLAN NINE FROM OUTER SPACE (1959). Cette espèce de tête se pose sur la plaine et des cavaliers arrivent, qui la vénèrent comme le dieu Zardoz. Cell-ci leur remet des armes en leur demandant de tuer plus pour elle. Elle fait un grand discours sur "Gun is good / Penis is evil" qui ravirait les féministes chienne de garde qui ont survécu jusqu'à aujourd'hui. Toujours est il que Zardoz a désigné un peuple élu, dont Sean Connery fait partie, et qui doit éliminer les autres humains mais ne pas se reproduire. Le flingue est bon car il crache la mort, là où le pénis est mauvais car il crache la semence, donc la vie.



Notre héros a alors l'idée d'un stratagème subtil. Avec son slibard, ses deux cartouchières décoratives et son flingue (qu'est bien), il se planque dans le grain donné à la tête de pierre appelée Zardoz.

A l'intérieur, il trouve de la bouffe, et des gens sous cellophane. Bon. Il y trouve aussi le cuistre de la scène d'intro, auquel il colle une bastos, voire deux, comme ça, parce qu'il est énervé.

La tête rejoint alors, sans pilote, un village appelé le Vortex. On apprendra que des vortices, y'en a d'autres, mais ça n'aura aucune conséquence parce que le scénario fera fi de cette information, comme de beaucoup de choses, comme l'intérêt du spectateur. Le réalisateur est cependant habile, il placera judicieusement des cadrages dotés de nichon dès que l'attention retombe. Les filles, elles, ont droit à Sean Connery en slip. Tout le film.

Le vortex est une espèce de village témoin hippie décoré de trucs gonflables donc futuristes et mystérieusement auréolés de mystère mystérieux. C'est une société utopique du futur, où tout le monde vit éternellement et est extrêmement cultivé, au prix du reste de l'humanité qu'on extermine dans la joie. Or, cette société n'est pas parfaite. Globalement, les gens s'y font désespérément chier. Ils prennent la pose. D'ailleurs, ils passent leur temps à ça. Les séances de "méditation du deuxième niveau" qui refont penser au clip de Thriller sans la musique. Les séances de vote version langage des signes et nana dotées d'écouteurs en cheveux (bien avant Leia dans Star Wars). Ils niquent même plus et se demandent comment qu'on fait une érection.

Notre héros au torse velu devient donc à la fois esclave et sujet d'étude de cette société.Il est un mutant. Ah ? Ah bon. D'accord. Je me disais, aussi, ces poils. Un des gonzes va s'en servir pour tirer une charette, alors qu'une gonzesse est chargée de l'étudier. Sean, ou plutôt Zed, ainsi que le spectateur, découvre cette société inane, qui fait vieillir ses rebelles jusqu'à la sénilité. Ces derniers se retrouvent d'ailleurs en costume d'époque et prennent le thé pour l'éternité, l'horreur absolue. Pendant ce temps, Zed tire la carriole.



A coté, James Bond, c'est un affreux. Zed, c'est la classe.

Bref, l'histoire devient à peu près confuse, ou alors j'ai dormi, mais en gros, notre héros devient une pomme de discorde et toute cette société veut l'éliminer. Sauf qu'à un moment, ils changent tous d'avis. La séquence où Sean se déguise en mariée y est peut être pour quelque chose. Ou alors celle des cours en accéléré avec projection sur torse de nanas.



Ca se finit donc d'abord par une meute d'Eternels à la poursuite du héros, puis pour le héros, avant que les potes du héros ne débarquent et ne les tuent tous. Sauf le héros et sa gonzesse, qui se réfugient dans une cave après avoir pondu un gosse, avant de mourir, le tout sans bouger. Ca va vite.

Y'a plein de choses sur lequelles on pourrait revenir, comme la scène de vampirisme psychique par les zombies éternels, le mystérieux appareil magique qui transforme une baguette de pain pas cuite en baguette de pain cuite (le four, invention incroyable de mystère mystérieux), la séquence avec des bouts de frottage de nichons (oui, y'en a beaucoup, c'est un film hippie) et de combats de boue dans l'espoir d'éveiller une érection chez le héros. Ca n'y parvient pas. Pas plus que chez le spectateur, d'ailleurs. Il y a aussi la scène incroyable où Zed, contre toute attente, déchire du cellophane. Ouah.

Le truc le plus mystérieux, c'est qu'à la fin du film, on n'a pas une impression de nanar. Il m'a fallu un moment pour mettre le doigt dessus : les acteurs principaux sauvent le truc. Ils semblent y croire et arrive à sortir des regards, des attitudes. En un mot, ils jouent bien. C'est juste que tout le reste déconne...

La bande annonce :
http://www.youtube.com/watch?v=kbGVIdA3dx0